jeudi 14 mai 2009

Arrivée dans ma maisonnette


J'entre dans mon pavillon. C'est l'ancienne résidence du jardinier en chef de l'époque... il y a très longtemps. Villandry a une longue histoire. Allez donc voir sur le site officiel: http://www.chateauvillandry.com/

Bref, j'entre dans ce qui sera ma nouvelle demeure pour les prochaines semaines. J'y suis seule mais n'y serai pas longtemps, un autre stagiaire arrivera demain.

Wow ! Si vous voyiez la clé... comme dans les films... le genre de clé qui ne peut tenir dans une poche tellement elle est grande et lourde. Je trippe, si vous saviez.
Le pavillon est un peu bordélique à cause des nombreux stagiaires qui s'y sont traînés depuis plusieurs années, mais j'adore. Une maison qui doit faire dans les 20 pieds de façade par 20 pieds de profond... mais sur 3 étages. Évidemment, devinez où je coucherai ? Au grenier bien sur ! Grenier qui domine, vous aurez compris, le jardin du château !

Mais pour cet après-midi, pas le temps de rêvasser. Déjà le chef me ramène à la réalité bassement terrestre et je dois aller faire des courses si je veux m'alimenter dans la semaine qui viendra. Des courses... le premier mot que j'achète des français... j'avais toujours dit "faire des commissions"... j'aime "faire ses courses", je garderai l'expression !
Donc, dans mon petit panier, j'y apporte ... du pain, du fromage, des légumes et fruits, de la viande, de quoi me faire des soupes, et ... quoi ? ... du vin, bien entendu ! Quoi de mieux pour fêter un nouveau départ, se donner du courage... et faire ensuite du ménage dans les armoires et placards poussiéreux.

Pour terminer cette journée exaltante, je reçois ma première invitation à souper, chez la famille du chef. Très charmante famille avec qui je nouerai. Soirée très agréable.

Au retour, ma 1re nuit, seule dans ce grand pavillon... m'endors pas trop... alors, allez hop ! un peu de ménage. À 1h du mat, je me fais violence et m'envoie me coucher. J'ai froid, je tourne et me retourne dans le lit, j'ai pas trop sommeil, attentive à tous ces bruits que je ne connais pas (vous avez vu comme le pavillon est collé sur la route ?), dans ce pays que je ne connais pas... et je suis si jeune et peureuse...

puis plus rien...

Rrrrrrrron ron...........

ZZZZZZZZzzzzzzzz

Samedi 11 octobre 2003



Un mur tout au long de la route, un long mur, m’empêche de voir ce que j’espère tant depuis des mois…
Puis, une barrière électrique qui s’ouvre comme si un esprit bénéfique m’attend là... et s’étale alors devant moi "Le Jardin"… bien sur, le château domine la scène mais ce n’est pas pour lui que je suis venue, ce n’est pas lui que je regarde. Il n’y a pour moi rien d’autre que la flore – du vert, du rouge, du blanc; des parfums de lavande, de buis, de roses; des choux, des potirons, des poivrons.
La nature étale sans pudeur sa beauté que la main de l’homme a si bien mâté.
Je suis en extase.
Ceci est un carnet de voyage, un paquet d'anecdotes, un fourre-tout d'abord manuscrit puis retranscrit... peut-être est-il plus... un témoin des balbutiements d'une carrière nouvelle et un bout de ma vie dans ce pays qu'est la France. Je pars quand même pour un long moment ! D'aucuns me diront "3 mois, c'est rien, moi j'suis parti pour ben plus longtemps". D'accord, mais moi, c'est ma 1re fois, et pour moi, c'est long en titi 3 mois !
Je me suis embarqué dans une galère. À l'issue de ma formation en horticulture au centre de formation horticole de Laval, je finis le tout par un séjour dans l'un des 12 plus beaux jardins de la France, soit celui très connu et visité du jardin du château de Villandry dans la Loire. Il était d'abord entendu que j'y serais 4, puis 8, pour finalement faire 9 semaines. Au bout de ce temps, mon chum me rejoint et on se fait la côte d'Azur pour la balance des 3 mois... (en passant la côte en décembre, c'est frette... comme nos automnes... frettes).

Le 10 octobre 2003, plus très jeune mais fraîche sortie de l'école, je pars avec mon baluchon travailler comme stagiaire-jardinier. En passant, on ne dit pas jardinière, sauf bien sur, si on parle du pot ... quoique j'en ai eu du pot (comme disent les français) pour me ramasser là !

À l'aéroport, j'ai un comité de départ (pour faire changement du comité d'accueil) qui m'accompagne jusqu'au seuil du comptoir des douanes. J'pense qu'ils veulent être certains que je ne changerai pas d'idée. C'est mon premier envol seule... il était temps me direz-vous ? J'ai 38 ans ! Mais je suis loin de vouloir me braquer. J'en rêve depuis des mois... 13 mois pour être exacte, soit au début de ma formation.

À l'arrivée à CDG-Paris, je dois trouver le RER pour chercher le TGV au PC !
Bon, je reprends... à l'aéroport Charles-deGaulle, je dois plutôt me grouiller pour prendre le train de banlieue, qui m'amènera ensuite à la gare pour le train grande vitesse. Après un court temps d'attente en compagnie d'un couple de français charmant, je file direction St-Pierre-des-Corps, près de la ville de Tours. Je suis gagnée. Le train me fait voir la campagne mais je ne vois rien. Je flotte sur mon nuage et suis TRÈS énervée d'arriver à bon port. On m'y attend. Je le sais, le chatelain me l'a confirmé quelques jours plus tôt. À la gare de Tours, celui qui sera mon chef-jardinier m'accueille et me conduit au château... je ne tiens pas en place et le chef a dû me trouver bien exaltée (C'est qu'elle cause, la québécoise !)